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Wednesday, June 10, 2015

Nulle vie et nul bruit

Once again, I've tried to capture the mood of Leconte de Lisle. One of his most famous poems, "Les Éléphants," challenged my English not because of any difficulty, but because of its clarity and simplicity. He can take a stark phrase like, "Nulle vie et nul bruit," and make it work. I don't have that skill.

The Elephants,
by Leconte de Lisle.

The red sand is like a sea without limit, one that sags on its bed and burns in silence. A motionless undulation fills the horizon with brass-coloured vapours where man lives.

No life and no strife. All the sated lions sleep at the back of the far-off den one hundred leagues away, and the giraffe sips from blue fountains, there, under the date palms known to the panthers.

Not a bird passes by to whisk his wings in the dense air, where a huge sun travels. Every now and then, some boa, warmed in sleep, undulates a skin of glistening scale.

The inflamed space burns under clear skies. But while everything sleeps in dismal solitude, the wrinkled elephants, rugged and slow voyagers, cross the desert reaches to the region of their birth.

From a point on the horizon, like brown masses they move, raising dust, and without deviation from the straightest path, crush the dunes under their steady tread.

The one who takes the lead is an old chief. His body is chapped like bark that time has gnawed upon and worn down; his head is like a rock, and the arch of his backbone bends powerfully to every slightest effort.

Never slowing, never hastening, he guides to a definite aim his dusty companions. Trailing behind them a sandy furrow, the massive pilgrims follow their patriarch.

With ears fanned out, with trunks in mouths, they walk with eyelids shut. Their bellies throb and smolder; their sweat rises like mist into the blazing air, into the buzzing of a thousand raging flies.

But what does it matter -- thirst, voracious flies, the sun that broils their black and wrinkled hides? As they march, they dream of abandoned regions, of fig tree forests that sheltered them once.

They will see again the river that escaped from high hills, where the hippos bellow and swim; where, pallid by moonlight, they cast their shadows ahead of them and cracked the reeds whenever they went down to drink.

And so, with courage and a slow pace, they pass like a black line over the sand; and the desert takes back its immobility when their heavy passage is erased on the limitless horizon.

* * * * * *

Les Éléphants

Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues,
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais, où circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos dont l'écaille étincelle.

Tel l'espace enflammé brûle sous les cieux clairs.
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Lés éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes,
Vont au pays natal à travers les déserts.

D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sûr crouler au loin les dunes.

Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine;
Sa tête est comme un roc, et l'arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.

Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux;
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.

L'oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l'oeil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume;
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.

Mais qu'importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s'abrita leur race.

Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Où nage en mugissant l'hippopotame énorme,
Où, blanchis par la lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.

Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.

-- From ŒUVRES DE LECONTE DE LISLE: POÈMES BARBARES, by Leconte de Lisle.
Alphonse Lemerre, Paris, sans date (1889?).

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